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Dans toute sa beauté sauvage de désert, avec ses longs hivers, ses saisons de croissance courtes et ses précipitations rarissimes, Chaco Canyon est un lieu improbable où s’implanta et s’épanouit un grand centre culturel ancestral Puebloan.  Et pourtant, cette vallée fut le centre d’une culture florissante il y a mille ans.  Son architecture à l’échelle monumentale, la complexité de sa vie communautaire, le haut niveau de son organisation sociale communautaire et son commerce très étendu ont créé une civilisation d’un très haut niveau culturel, contrairement aux civilisations connues qui l’ont précédée ou qui lui ont succédée.

L’épanouissement culturel du peuple Chacoan a commencé au milieu des années 800 et a duré plus de 300 ans. C’est ce que nous lisons clairement dans le développement de son architecture. En utilisant des techniques de maçonnerie uniques pour leur époque, ils ont construit des bâtiments en pierre massifs (the Great Houses : les Grandes Maisons) sur plusieurs étages contenant des centaines de pièces et qui furent beaucoup plus grandes que leurs bâtisses précédentes. Les bâtiments ont été organisés dès le début, « sur plan en quelques sortes », contrairement à la pratique habituelle qui consistait à rajouter des pièces aux structures existantes au fur et à mesure des besoins. La construction de certains bâtiments  dura des décennies voire même, des siècles. Bien que chacune soit unique, toutes les Great Houses partagent des caractéristiques architecturales qui les identifient au style Chacoan.

Les Great Houses de Pueblo Bonito furent construites en premier durant les années 800: Una Vida et Peňasco Blanco, puis suivirent Hungo Pavi, Chetro Ketl, Pueblo Alto et d’autres encore. Ces structures furent souvent orientées vers le soleil, la lune ou encore les points  cardinaux. Des alignements ménageant des trouées dans lesquelles le regard se faufile entre les constructions, permettaient de communiquer. Des marqueurs astronomiques sophistiqués, des procédés de communication, des dispositifs pour contrôler l’eau et des monticules de terre agencés, les entouraient. Les bâtiments ont été placés dans une région entourée de montagnes sacrées : les mesas. Les sanctuaires donnèrent un sens spirituel profond qui perdure encore pour les descendants.

En 1050, Chaco devint un centre cérémoniel, administratif et économique dans le bassin de la  San Juan River. Sa sphère d’influence fut vaste. Des dizaines de Great Houses dans le Canyon de Chaco furent reliées par des routes dans toute la région. On pense que les Great Houses ne furent pas des maisons agricoles traditionnelles occupées par un grand nombre d’habitants. Elles constituent des exemples impressionnants d’ « architectures publiques» qui furent utilisées périodiquement pour les cérémonies, le commerce et le négoce, lorsque des populations occasionnelles venaient au Canyon pour les grandes occasions.

Qu’est-ce qui fut au cœur de cette grande vie sociale ? Les descendants des Pueblos indiquent que Chaco fut un lieu de rassemblement particulier où beaucoup de peuples et de clans convergeaient pour célébrer leurs cérémonies, leurs traditions et pour partager leurs connaissances. Chaco fut un foyer à l’origine de plusieurs clans navajos et il fut consacré aux cérémonies. Chaco est aussi une énigme durable pour les chercheurs. Fut-il le centre d’un réseau du négoce de turquoises établi pour acquérir des aras, des cloches de cuivre, des coquillages et d’autres produits provenant de régions lointaines ? A-t-il été producteur de produits agricoles et d’autres ressources pour des populations en croissance lorsque le climat les a durement éprouvées ? Fut-il «le lieu central», unifiant une région par une vision partagée ? Nous ne comprendrons peut-être jamais Chaco.

Des années 1100 aux années 1200, le changement est venu frapper Chaco alors que les nouvelles constructions ralentissaient et que son rôle de centre régional déclinait. L’influence de Chaco a continué sur Aztèc, sur Mesa Verde, dans les montagnes de Chuska, et dans d’autres centres aussi bien au nord, au sud, et à l’ouest. Avec le temps, les gens se sont éloignés des chemins chacoans, pour migrer vers de nouvelles régions. Ils ont réorganisé leur monde et ils ont finalement interagi avec d’autres cultures étrangères. Leurs descendants sont les Indiens du Sud-Ouest moderne. Beaucoup d’Indiens du Sud-Ouest regardent Chaco comme une étape importante de la migration sacrée de leurs clans. Ils le vénèrent comme un lieu spirituel pathologique à honorer et à respecter.

 

Les indices du passé

Le réseau routier.

Le vaste réseau routier de Chacoan est impressionnant. Plus de 400 miles de routes préhistoriques ont été identifiés. Ce système reliait Chaco à de jolies communautés et à des zones de ressources. Il relia également les communautés périphériques. Certains segments semblent oublier certaine destination pourtant bien reconnaissable. Un des segments de chemin les plus longs et identifiables se dirige vers le Nord ; il mène aux communautés préhistoriques de Salmon et d’Aztèc.

Ces routes n’étaient pas des sentiers simples tracés par des siècles de marche à pied. Ils furent conçus et planifiés et, ils nécessitèrent une part importante de l’investissement en main-d’œuvre pour leurs constructions et leurs maintenances. Leurs fonctions déplacèrent peut-être le simple rôle fonctionnel. Il y a un consensus croissant parmi les archéologues pour penser que les caractéristiques des routes pourraient évoquer directement la civilisation du monde puebloan.

Les routes les plus élaborées furent construites aux abords des Great Houses ; on a trouvé des segments de route doubles et quadruples. Ces segments auraient pu servir aux rituels et aux cérémonies.

Le système routier préhistorique a facilité la communication entre les communautés ainsi que le transport des marchandises. Il a également fourni un moyen de cohésion culturelle à l’organisation sociale et au confort de la cosmographie de ces personnes anciennes.

 

Le commerce

Pendant sa période classique (1020/1120), Chaco fut le centre d’un réseau de commerce lointain entre les fermes. Les marchandises furent échangées entre les groupes internes à la sphère chacoan et avec des groupes éloignés situés plus au Sud : le Mexique.

Le signe Cibola de Chaco qu’on retrouve sur la poterie black- and-white (à droite) pourrait provenir de villes périphériques du Sud et de l’Ouest. On estime que seulement 20 pour 100 de la poterie utilisée ici, a été faite ici. La turquoise était une marchandise coûteuse dans le monde  Chacoan. De grandes quantités d’ornements aboutis, d’offrandes, et de débris ont été trouvées sur les lieux de travail situés tout au long du canyon de Chaco. La turquoise brute a été importée des mines lointaines et transformée ici, en un exquis artisanat : perles, colliers et pendentifs. De grandes quantités de ces bijoux peuvent avoir été échangées dans les centres régionaux du Nord du Mexique. La petite grenouille (à droite) trouvée dans Pueblo Bonito est sculptée, ses yeux et son col sont incrustés de turquoises.

D’autres articles du réseau commercial ont été trouvés ici. Venant de la mer : de nombreux coquillages (souvent enfilés dans  des colliers), venant de loin : des cloches de cuivre, et des plumes d’ara et de perroquets. Les deux derniers articles suggèrent de lointains contacts avec le Mexique, peut-être avec les anciens Toltèques.

 

La maçonnerie

Les Chacoans furent des maçons habiles. Travailler avec des outils en pierre, ils érigèrent de vastes bâtiments communaux qui forcent encore l’admiration. Leurs techniques de maçonnerie évoluèrent au cours des siècles. Les premières habitations ont été construites avec des murs avec une simple épaisseur de pierre, maintenus ensemble avec des liants abondants de mortier de boue.

Les murs les plus anciens de Pueblo Bonito furent construits avec ce type de maçonnerie (1).

Lorsque les Chacoans se mirent à construire plus haut et plus grandement, ils construisirent des murs avec une âme épaisse faite de décombres recouverte d’un placage de pierres apparentes assez mince. Ces murs s’amincissaient au fur et à mesure de leurs hauteurs Ce qui prouve que la planification entra dans les grandes constructions dès les temps classiques. Un bon exemple de cette paroi (2) est caractérisé par ces grands blocs de grès tabulaires intercalés par  des pierres plus petites posées avec du mortier.

Environ la moitié des « rez-de-chaussées » de Pueblo Bonito furent construits dans les styles de maçonnerie (3) et (4) datant de la fin du 11ème siècle. Ces styles ont été utilisés à peu près en même temps. Les modèles sont beaux comme on peut le constater, mais il est évident que les Chacoans couvrirent la plupart des pierres avec du plâtre.

Le dernier style de maçonnerie significatif, appelé McElmo (5), apparaît dans Kin Kletso et plus tard dans l’architecture des années 1100. Les murs de Kin Kletso ont été construits avec une âme mince faite de décombres et de gravats recouverte d’un placage de grès façonné. Cette maçonnerie ressemble à la maçonnerie de la région de Mesa Verde.

 

L’architecture antique de Chaco

Commencez votre visite par le Visitor Center. Les expositions vous aideront à comprendre Chaco et ses habitants. Le Ranger répondra à vos questions et vous aidera à tirer le meilleur parti de votre temps.

La meilleure façon de voir Chaco est de visiter sous la conduite d’un ranger. Les informations sur les circuits et les horaires des feux de camp qui ont lieu le soir sont disponibles au centre des visiteurs.

La Great House la plus proche du Visitor Center, Una Vida, se trouve à quelques pas du parking. Sa construction a commencé au milieu des années 800, pour se terminer au milieu des années 1100. Et ce, parallèlement à la construction de Pueblo Bonito et de Peňasco Blanco. Il y a environ 150 pièces et 5 kivas dans la structure. C’est un excellent exemple parmi tous les sites non fouillés.

Le cœur du complexe chacoan est plus bas dans le canyon. La plus grande des Great Houses est Pueblo Bonito. Ce fut le centre du monde chacoan, planifié pour être construit par étapes. Pueblo Bonito a été habité à partir du milieu des années 800 jusqu’en 1200. Par la suite, la partie haute du village, construite sur quatre étages contenait plus de 600 pièces et 40 kivas. Pueblo Bonito est l’un des sites les plus fouillés et étudiés en Amérique du Nord. C’est un lieu sacré pour de nombreux groupes de Native Americans.

Commencé vers 1020, Chetro Ketl a connu une phase de construction importante qui s’est étalée sur 30 ans et qui fut suivie par de subséquentes modifications dans les années 1100. On estime qu’il comprenait 500 pièces et 16 kivas. Les constructeurs créèrent une immense place centrale de terre surélevée par rapport au paysage environnant.

Pueblo del Arroyo a été construit par étapes sur une relative courte période. La partie centrale a été démarrée aux environ de 1075 ; Les ailes nord et sud ont été ajoutées entre 1101 et 1105 ; La place et le tri-mur (tri-wall) furent construits dans cette même époque. Le bâtiment avait environ 280 pièces et plus de 20 kivas.

Kin Kletso semble avoir été construit en deux étapes. La première étape date d’environ 1125, la seconde à partir de 1130 (ou plus tard). Cette Great House avait environ 100 pièces  et 5 kivas fermées et peut avoir été construite avec trois étages sur le côté nord.

Casa Rinconada, sur le côté sud du canyon, possède la plus grande kiva connu dans le parc. Le sentier, dans cette structure, passe devant plusieurs «maisons de petite taille». Ces dernières furent construites à la même époque que Casa Rinconada et Great House, mais leur construction est très différente ainsi que leur fonction.

Les sentiers de randonnée (voir la carte) conduisent à d’autres sites. Le complexe de Pueblo Alto, au sommet de la Mesa, est important à cause de sa jonction avec plusieurs routes préhistoriques. Tsin Kletsin et Peňasco Blanco peuvent être atteints par le chemin de randonnée à partir du canyon central. Wijiji, construit en une seule étape au début des années 1100, est remarquable par sa disposition symétrique et sa taille uniforme. Les permis de randonnée sont nécessaires sur ces pistes et peuvent être obtenus au Visitor Center.

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